20 - 01 - 2012
Recherches

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17 - 10 - 2011 
Fiche d'accréditation 

« L’histoire du livre est celle d’une suite d’innovations technologiques qui ont permis d’améliorer la qualité de conservation du texte et l’accès à l’information, la portabilité et le coût de production. » Cette citation du philosophe allemand Walter Benjamin résume bien l’histoire du livre. Depuis l’invention de l’écriture, un enchaînement d’événements a permis de développer des supports capables de matérialiser le texte. Le papier a remplacé successivement le parchemin et le papyrus ; la compilation de feuillets a été préférée aux imposants rouleaux des égyptiens. Si de tels changements se sont produits, c’est par praticité et par économie. C’est surtout grâce à l’imprimerie que la popularisation du livre a pu s’accroître. La découverte de Johannes Gutenberg avec le caractère typographique mobile a permis de produire en quantité, à moindre coût. À ce jour, ce sont les formats de poche qui symbolisent le mieux cette démocratisation de la littérature. À défaut d’être de beaux ouvrages, leurs bas prix satisfont leurs acheteurs.

Des inquiétudes à avoir
Aux États-Unis, le livre de poche a été adapté au format numérique. Son prix est identique que le petit format. Ceci a entraîné une vente en hausse de 202 % en un an (de février 2010 à février 2011). Cette évolution a eu une répercussion immédiate sur l’édition papier puisque ses ventes ont été freinées de 34,4 %. Les éditeurs ont alors assisté à une baisse de leurs chiffres d’affaire à hauteur de 10 %. L’article de Marie-Catherine Beuth pour Le Figaro affirme également que l’entreprise américaine Amazon vend aujourd’hui 100 livres de poches pour 115 livres numériques Kindle (1.2). De l’autre côté de l’Atlantique, l’essor du numérique a explosé. Il est impossible de comparer ce qui se passe aux États-Unis avec la France, mais la venue du support économique électronique est inéluctable. En attendant la mise en place ou non du projet de loi n°2011-590, qui propose aux éditeurs de fixer eux-même le prix unique des livres numériques, nous pouvons nous demander si les français se tourneront davantage vers le numérique lorsque le prix sera revu à la baisse. Si c’est le cas, la vente des livres risque de chuter. En effet, plus d’un livre sur quatre acheté dans l’Hexagone est un livre de poche, d’après le Syndicat national de l’édition.

Le support papier : des qualités indéniables
Le support papier a pourtant bien des qualités que n’a pas le support numérique. En tant qu’outil matériel, il se partage : nous pouvons le prêter et l’offrir. Cet échange avec autrui n’est pas sans retour, un dialogue peut avoir lieu pour débattre sur le contenu de l’objet. Ces qualités sont bénéfiques et sont prescrites dès notre plus jeune âge. À l’école, les instituteurs lisent des histoires aux enfants pour faciliter l’approche avec la langue française et les familiariser avec le texte. L’association ACCES (Actions Culturelles Contre les Exclusions et les Ségrégations) lutte pour développer cet apprentissage dans les quartiers démunis en organisant des lectures dans des crèches ou des bibliothèques. Ces lieux permettent aussi aux enfants de manipuler les livres pour qu’ils y prennent du plaisir. Plus ils seront bercés par le livre et plus ils auront de chances d’avoir une filiation avec la littérature. Le but est de donner une égalité des chances de réussite et d’insertion sociale dans toutes les catégories socioprofessionnelles.

L’importance du contenant pour l’enfant
L’enfance est donc une période propice pour se rapprocher du livre. Les Éditions Hachette stimulent l’apprentissage de la lecture dès le XIXe siècle en proposant des manuels illustrés. En ajoutant des illustrations, les textes étaient beaucoup plus assimilables pour les jeunes enfants. À ce jour, ce domaine éducatif a bien évolué en repoussant toujours les limites traditionnelles du livre. Dans les années 1990, la matérialité a été de plus en plus interrogée comme en témoigne Sophie Van der Linden dans son ouvrage Lire l’album. Les effets de textures, de matières, les choix de couleurs et de formes ont été exploités plus en profondeur. La façon d’apprendre est attractive et distrayante pour l’enfant grâce à cette palpabilité. Il s’extrait de son environnement et s’évade dans son imagination : c’est le principe même du livre. L’édition papier va encore évoluer selon cette même personne sur son blog. Avec la concurrence du livre numérique, la matérialité du livre va prendre tout son sens. Cette activité ludo-éducative est inégalable sur liseuses. À en croire Hervé Gaymard, l’édition jeunesse fonctionne bien puisque la vente de ce type de livres est en pleine effervescence (+21,5 % en valeur et +13,3 % en volume en 2009). Le chiffre d’affaires a été multiplié par 2,5 en trente ans.

Une transition difficile
Si l’enfant est content quand on lui offre un livre, son grand frère le sera peut-être beaucoup moins. Plus on grandit, plus le contenu prend de son importance, et moins il plaît. Il est pourtant normal que le texte évolue en fonction de son âge. Le rapprochement avec les oeuvres classiques se fait progressivement dès le primaire, avec le livre de poche. Le Ministère de l’Éducation nationale encourage les enfants de 10 à 15 ans à lire des oeuvres littéraires pour qu’ils prennent goût à la lecture. Cependant ils peuvent vite déprécier le plaisir de feuilleter l’objet. La transition entre un livre amusant et un livre impersonnel peut être déroutante pour quelques-uns d’entre eux. Un texte long sans illustration, sur du papier médiocre à l’âge où on lit des bandes dessinées et des mangas est capable de désintéresser l’élève irrévocablement. Celui-ci, fâché par la lecture n’achètera que peu ou pas de livres dans son futur, d’après les conclusions faites par Martine Poulain et Joëlle Bahloul dans Pour une sociologie de la lecture.

Objectifs
Lire est un plaisir. Cette façon de voir les choses n’est pas partagée par tous les pré-adolescents et adolescents. Leur année scolaire est ponctuée de lectures obligatoires que certains considèrent comme une corvée. Mon but en tant que designer est de les réconcilier avec le livre. Si l’objectif est atteint, il verra peut-être l’édition d’un nouvel oeil. Plus tard, il sera davantage captivé par celle-ci, bienfaisante pour lui, et surtout utile pour son futur enfant. Être entouré quotidiennement de livres, dès petit est un avantage. Dans sa scolarité, il rencontrera moins de difficultés face à la lecture et aura plus de chances de devenir à son tour un lecteur, d’après Jean Hébrard, inspecteur général de l’Éducation nationale. Contrairement au livre numérique, le livre papier procure une présence ineffable. Cette matérialité est donc indispensable pour le bon développement de l’Homme.

Pistes créatives concevables
Il serait possible de mettre au point une collection de rééditions de grandes oeuvres spécialement conçue pour les adolescents. Si le contenu ne peut pas plaire à tous, je souhaite que le contenant le soit pour inciter le jeune à lire de façon positive. Le simple livre de poche destiné à l’adolescent doit être repensé pour que ce dernier trouve ou retrouve du plaisir quand il l’a entre ses mains. Il faut éventuellement reprendre des particularités des beaux ouvrages et les adapter à cette cible complexe. Des éditions comme Zulma sont des références à prendre en compte. Le choix du papier, la maîtrise typographique et la cohérence parfaite des textes contemporains font d’elle une admirable collection. Les décisions inédites faites par David Pearson valorisent le support du livre comme par exemple mettre le texte de présentation à l’intérieur du rabat gauche au lieu de le mettre sur la quatrième de couverture. Le positionner juste avant le texte introduit le lecteur directement dans l’histoire. Les petites intentions sont importantes pour se faire remarquer et se démarquer des concurrents. Les éditions Gaïa sont par exemple reconnues par ses textes mais aussi par la couleur de ses pages : du rose saumon ! Critiquée au début, cette couleur est devenue au fil du temps une force pour l’éditeur qui a su tirer son épingle du jeu. Cependant changer trop de points peut être fatidique. Le studio Hey Ho, par l’intermédiaire de Thomas Petitjean l’a tenté pour les éditions Galaade. Mais lire un texte composé massivement de caractères typographiques linéales de types Helvetica et Akzidenz Grotesk. n’est pas au goût de tous. Aujourd’hui, la direction artistique a été confiée à une autre personne ayant des goûts moins audacieux. Il est par conséquent souhaitable de ne pas se diriger vers une forme d’extravagance même si des singularités peuvent enrichir l’ouvrage. La mise en page peut s’ajuster avec les textes. L’oralité, les silences peuvent ainsi être exprimés typographiquement. On pense au travail de Robert Massin, pour La Cantatrice Chauve, d’Eugène Ionesco. Les magazines tels que Le Tigre s’adaptent aussi aux sujets qu’ils traitent. Pourrait-on le faire pour chaque grand écrivain ou pour chaque livre ? Enfin, se questionner sur l’illustration est bien entendu nécessaire. Doit-on s’inspirer des estampes, ou doit-on s’en éloigner ? La réflexion de l’intérieur du livre est donc primordiale. En analysant de façon plus pointilleuse les besoins des adolescents, de nouvelles idées pourront émerger. Faut-il permettre une meilleure prise de notes ? Faut-il ajouter des activités à chaque fin de chapitre ? Beaucoup de questions sont à se poser, tout en ne négligeant pas la première de couverture. C’est elle qui nous donne un premier a priori sur le livre. Il faut par conséquent être innovant sans toutefois tomber dans la démesure. Le livre doit être accessible pour l’adolescent.

Partenaires
Pour ce projet, des partenariats avec des libraires, des éditeurs, des enseignants de français et d’arts plastiques pourront avoir lieu – à ce stade de mes recherches –.
17 - 11 - 2011 
Questionnements

- Comment rapprocher l’adolescent des grandes œuvres littéraires classiques ?